J’aimerais
évoquer ici le bonheur d’une troupe amateur lorsqu’elle est confrontée à des
conditions techniques et humaines professionnelles. Et c’est ce que la Cordée a
eu le plaisir de vivre tout récemment, d’abord à Marseille, ensuite à Nice.
Je
tenais donc à travers ces quelques lignes à saluer l’initiative de la FNCTA des Bouches-du-Rhône dont le président Alain Sisco se bat depuis des années pour
ouvrir les théâtres professionnels aux amateurs, notamment dans le cadre du
Festival annuel de Théâtre Amateur de Marseille. Ainsi, des structures prestigieuses comme le Théâtre de la Criée, le Toursky, le Théâtre de Lenche,
le Lacydon ou le Parvis des Arts pour ne citer qu’eux, acceptent chaque année
de lever leur rideau sur le théâtre amateur. Mais ils ne se contentent pas de
« laisser les clefs » ; ils jouent totalement le jeu en offrant
tous les services habituellement réservés aux professionnels.
Ainsi
pour notre part, ayant eu la chance d’être sélectionnés quatre fois à ce
festival, nous avons pu fouler les planches du Théâtre Off en 2004 avec Mégaphonie de Louis Calaferte, celles du Théâtre de Lenche en 2006 avec Naufrages de Jean-Michel Ribes et Slawomir Mrozek, celles du Toursky en 2011 avec La mastication des morts de Patrick Kermann, et celles du Parvis des Arts le 8
avril dernier avec Diktat d’Enzo Cormann.
Que
du bonheur ! Jouer dans de telles conditions est un réel privilège pour
les amateurs que nous sommes. Au nom de la troupe, je tiens ici à saluer une
nouvelle fois l’équipe du Parvis des Arts pour son accueil et sa disponibilité,
notamment par l’entremise de son régisseur Fabien (et de son assistant Alexis)
qui a été à notre entière disposition de notre arrivée jusqu’à notre départ du
théâtre.
Le
travail des amateurs est fréquemment honorable quand on connaît les périlleuses
conditions de représentation qui surviennent parfois ; quand un réglage
son, une implantation lumière sont effectués à la dernière minute, juste avant
l’entrée en scène et qu’on endosse le personnage en sueur, en stress, sans
concentration, sans même avoir eu le temps de jouir d’un trac salutaire !
Quel délicieux plaisir alors de se frotter au confort professionnel, où rien
n’est laissé au hasard, où l’on a le temps d’avoir le temps ! Où l’on
entre sur scène en totale sérénité, malgré le trac.
Nice
very nice !
Plus
récemment, nous avons pu également bénéficier des mêmes conditions
professionnelles puisque nous avons donné Diktat au Théâtre Francis Gag
à Nice. Là encore, grâce à l’accueil de son directeur Pierre Ballay et de
l’équipe technique, Stéphane et David, nous avons pu jouer dans des conditions
idéales, malgré le fait que cette représentation s’inscrivait dans le cadre du
festival Festhéa (PACA) avec ce que la copieuse programmation de cet évènement
implique en termes de timing. Là encore, tout était réuni pour que nous
donnions au public le meilleur de nous-mêmes.
Festhéa
quatrième !
Le
festival Festhéa est une compétition du théâtre amateur qui se déroule en deux
étapes : après que les organisateurs de chaque région ont sélectionné des
spectacles à travers l’ensemble de leur territoire, la première phase les
réunit pour une confrontation régionale. La troupe qui obtient le Premier Prix
de sa région accède ensuite à la deuxième phase, à savoir la Finale Nationale
qui réunit tous les Premiers Prix de chaque région. Historiquement, cette
finale se déroule à Tours (37) ou dans sa région. Pour notre part, c’était la
cinquième fois que nous étions en compétition en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur :
en 2003 avec Mégaphonie, en 2006 avec Naufrages, en 2008 avec Le numéro d’équilibre (d’Edward Bond), en 2010 avec La mastication des
morts et cette année avec Diktat. Sur ces cinq participations, nous
avons eu le plaisir d’accéder quatre fois en Finale Nationale (seul Le
numéro d’équilibre ne fut pas retenu en 2008).
Si
l’on doit à la vérité de dire que notre participation 2016 s’inscrivait plus
dans une volonté de jouer à Nice plutôt que de concourir réellement, l’idée de
décrocher ne serait-ce qu’une récompense était néanmoins séduisante. Nous
n’imaginions pas du tout un tel épilogue.
Et
pourtant, c’est bien ce qui est arrivé pour notre plus grande joie : nous avons
obtenu le Premier Prix et à l’unanimité des membres du jury ! Et comme un
bonheur n’arrive jamais seul, nous avons également été honorés par le Prix des
Organisateurs, lui aussi décerné à l’unanimité ! Nous irons donc une
nouvelle fois en Indre-et-Loire représenter la Région PACA en Finale Nationale
Festhéa, en octobre prochain.
Si
cette reconnaissance nous touche évidemment personnellement, nous sommes
également très fiers que ce Premier Prix couronne une telle œuvre. Au-delà de
la qualité supposée du spectacle et de l’interprétation que nous en avons
faite, nous nous devons de saluer aussi la pertinence, voire
« l’audace » des membres du jury qui ont osé sacrer un pur drame
d’une actualité et d’une ampleur certaine. Inutile de dire dans ces conditions
que nous partageons bien volontiers ce succès avec Enzo Cormann qui, avec ce
texte, nous a offert un bijou théâtral. Le verdict du jury est donc de fait un
acte politique au sens littéral du terme, tout comme l’est ce texte de Cormann
et comme devrait l’être plus souvent le théâtre en général et le théâtre
amateur en particulier.
Il
me paraît important que le théâtre amateur, qui n’a, a priori, aucune
contrainte financière, aucune contrainte partisane quelconque (luxe suprême des
amateurs), s’engage un peu plus nettement dans « la vie de la
cité » ; il y va aussi à mon sens, aujourd’hui plus que jamais, de la
survie du civisme et de la citoyenneté. Il serait bon qu’on accepte l’idée que
le théâtre amateur ne doit pas faire rire coûte que coûte. Car parfois
(souvent ?) et par facilité, le rire devient le sale de l’Homme.
Et
ce ne sont pas les textes qui
manquent, on le sait.
Merci
à vous tous !
Pour Marseille : Alain
Sisco, Marion Agresti, Ève Lamarche et, plus largement l’ensemble de l’équipe
du CD13 de la FNCTA ; Fabien et l’équipe du Parvis des Arts ainsi que
Bernard Di Stéfano.
Pour Nice : Isabelle
Wieber, déléguée Festhéa PACA et toute l’équipe des bénévoles (Laurence, Edith,
Jean-Noël, Francesca, Betty, Georges, Marie, Stefano) ;
Pierre
Ballay, directeur du Théâtre Francis Gag et ses régisseurs géniaux que sont
Stéphane et David.
Le
jury : Chantal Dervault, Monique Carriat, Micheline Delcros, Ralf Schutte et
Guy Landin ; Vanessa, Mirlind, Sandra et Eliott.
Arlette
Fétat pour ses pertinentes remarques.
Et
bien évidemment, à l’incontournable ami Jérôme Arcamone pour « l’ensemble
de son œuvre » au sein de Festhéa (et Festhéa PACA) à qui nous dédions
ce Premier Prix, du fond du cœur.
Et
bien sûr le Foyer Rural de Fayence-Tourrettes qui a permis depuis seize ans
maintenant l’existence et l’évolution de la compagnie de la Cordée.
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